La 90e cérémonie des Oscars, sous la loupe d’OPC Événements
L’édition 2018 des Oscars s’est déroulée à Los Angeles, dimanche dernier, et si votre fil d’actualités Facebook ressemble au nôtre, vous avez remarqué qu’une panoplie de textes sur les gagnants et les moments forts de la soirée ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Notre article s’attarde donc plutôt à un tout autre sujet, soit, les moments forts et les lacunes de la soirée, du point de vue d’un organisateur d’événements.
Les Oscars, c’est d’abord et avant tout un gala de remise de prix et, comme la plupart des événements de ce type, le déroulement peut s’avérer lent et menacer d’ennuyer son audience. En effet, comme chaque gagnant a droit à un discours, la majorité tient à remercier, avec raison, les gens qu’ils aiment et sans qui ils n’auraient pas nécessairement eu l’opportunité de remporter ce prestigieux prix. La durée de ces discours est difficile à prévoir pour un event planner.
Cette année, pour contrer ce problème, l’animateur Jimmy Kimmel a eu l’idée de faire gagner une toute nouvelle motomarine Kawazaki au gagnant livrant le discours de remerciements le plus court ! Le prix fût paradé sur scène par l’actrice Helen Mirren, livrant une performance aux airs de Price is Right. L’amusante idée fut reprise par plusieurs acteurs tout au long de la soirée, donnant l’occasion à plusieurs blagues.
Faisant du pouce sur son idée, Kimmel a expliqué que les Oscars avaient aussi revu leur signal musical visant à rappeler un temps de discours écoulé, pour quelque chose de bien plus amusant. Lakeith Stanfield, acteur du film nominé Get Out, courra sur scène en criant Get Out, chassant les gagnants prenant trop de temps avec leurs remerciements.
Le discours d’ouverture de Kimmel a démontré un point important. Un bon animateur sait comment intégrer des inside jokes pertinentes pour son audience et comment créer des liens appropriés afin de vraiment la mettre en valeur. Il incarne parfaitement le rôle du fil conducteur de la soirée.
Kimmel a livré une bonne performance et a su tisser plusieurs liens d’actualité avec des blagues de bon goût pour honorer les mouvements #MeToo et #TimesUp, la fin du règne d’Harvey Weistein, ainsi que le début de l’ouverture d’Hollywood à la diversité – avec des superproductions comme Wonder Woman et Black Panther. L’animation a pris une tangente plutôt politique, sans jamais en faire trop, donnant le juste ton pour le restant de la soirée.
Toutefois, Tiffany Haddish et Maya Rudolph ont volé la vedette. Elles étaient de loin les présentatrices les plus drôles de la soirée. Leur courte apparence sur scène était le moment fort de l’événement et a fait rêver plus d’un spectateur à une animation assurée par ce duo féminin pour une édition 2019. Après tout, tant qu’à célébrer la diversité, pourquoi ne pas être conséquent ? Les Oscars sont aussi dus pour un vent de renouveau.
On ne peut pas parler des Oscars sans revenir sur l’erreur historique de l’édition 2017 durant laquelle Warren Beatty et Faye Dunaway ont annoncé le mauvais lauréat pour la prestigieuse catégorie du film de l’année. Cette année, de nouvelles pratiques ont visiblement été mises en place. Le changement le plus apparent était sur les enveloppes annonçant les gagnants. La typographie en caractères gras et dorés représentant la catégorie à annoncer était si évidente qu’elle pouvait même être lue à la télévision.
De plus, toujours en clin d’oeil à la bourde de l’année précédente, les deux mêmes présentateurs ont été invités à annoncer la catégorie du meilleur film.
Lorsqu’une erreur de gestion d’événements est rendue publique, mieux vaut en rire que de tenter de faire comme si rien n’était arrivé !
En ce qui a trait à la scénographie, elle était tout simplement époustouflante avec ses 45 millions de cristaux Swarovski changeant de couleurs selon les besoins du moment. Le designer Derek McLane a opté pour un décor abstrait, inspiré de la réflectivité et de la lumière, pour représenter une période moderne et tournée vers l’avenir. Encore un beau lien avec les messages politiques de la soirée !
La scène était versatile et ses décors supportaient avec soin les différentes prestations. La décoration égayant la chanson thème du film Coco était haute en couleurs et particulièrement impressionnante. Un coup de cœur pour une agence d’événementiel !
Les Oscars sont aussi connus pour avoir une habile équipe dédiée au montage vidéo. Cette année n’a pas fait exception. La vidéo célébrant les 90 dernières années du cinéma hollywoodien était vraiment renversante.
Ces vidéos sont efficaces, elles engendrent des conversations en nous remémorant des moments marquants. Elles permettent aussi de donner un bon tempo au déroulement de l’événement. Les Oscars en ont donc produit plusieures pour passer des messages importants soutenant les militaires Américains, célébrant la diversité et les artistes décédés durant l’année, etc.
Question tempo, la durée ressentie était la durée réelle de l’événement. Ce n’était donc ni trop long, ni trop court. Introduire un spectacle pour revigorer l’audience après quatre nominations a grandement aidé.
Par contre, l’ordre des prestations aurait pu être revu. La performance de Keala Settle de This Is Me, aurait dû ouvrir le spectacle. Les paroles de la chanson résumaient parfaitement ce qui allait devenir les thèmes principaux de la soirée : la diversité et l’inclusion. La prestation de Gael Garcia Bernal, pour sa part, aurait pu bénéficier de quelques pratiques supplémentaires…
Kimmel, tout comme l’année précédente, a décidé de mélanger le gratin Hollywoodien aux « gens ordinaires ». Il a guidé des acteurs dans le Grauman’s Chinese Theatre pour surprendre un groupe de cinéphiles regardant un film. Encore une fois, il s’agissait d’un moment clé. Sans ces gens, les acteurs n’existeraient pas. Toutefois, cette pause prolongée s’est fait largement critiquer. Pourquoi ajouter du temps supplémentaire ailleurs si on tente désespérément de raccourcir les discours pour assurer un déroulement plus rapide ?
En conclusion, la cérémonie s’est bien déroulée mais sans véritables moments mémorables. Selon The Guardian, l’édition 2016 a coûté plus de 44 millions de dollars, sans compter les frais supplémentaires de 22 millions de dollars pour une diffusion en direct. À ce coût, on devrait s’attendre à un peu plus, non ?
Sources :
https://www.architecturaldigest.com/story/oscars-2018-stage-design
http://www.newsweek.com/oscars-fun-facts-821417